Ton
père et moi avons décidé de te concevoir presque 5 ans après la
naissance de ton grand frère Lucas.
Cinq
longues années ont été nécessaire afin que ma peur de
l'accouchement s'estompe suffisamment pour que l'envie de faire un
second enfant prenne le dessus.
Tu
as fait ton nid très rapidement. A l’époque je faisais des ménage
pour une société de nettoyage industriel et ton père lui était
régulièrement en déplacement du fait de son travail dans
l'agencement.
J'avais décidé de
travailler jusqu'au bout de ma grossesse tout en aménageant mes
horaires et mes différents postes ,mais la fatigue et l'utilisation
de certains produits dangereux m'ont forcés à m’arrêter à 3
mois de grossesse après un gros malaise sur mon lieu de travail...
J'étais déçue et en
colère contre moi même .
Comment allais-je
pouvoir prendre soin de toi correctement si je n'étais même pas
capable de me faire suffisamment d'argent ?? Je m'en suis
longtemps voulu... mais j'ai continuer à faire comme si de rien
n'étais , à emmener ton frère à l'école , a prendre les
différents rendez vous pour la grossesse, tout en nourrissant l'idée
que j'aurais pu faire plus pour toi...
C'est lors du premier rendez
vous chez la sage femme pour la préparation à l'accouchement que
j'ai commencer à prendre conscience de mon « état » .
J'ai passé l'heure entière à pleurer. Totalement effondrée, le
front posé sur le bureau, je pleurais et pleurais encore.
« Vous faites une
dépression il faut vous faire aider ! »
Je ne sais même pas
pourquoi je suis aussi mal ….
Je suis
ressortie de son bureau avec une ordonnance d’anxiolytique et le
numéro de téléphone d'un psychologue . Moi qui m'étais jurer de
ne jamais prendre ce genre de médicaments...
J'étais pourtant sûre
d'être assez forte pour te faire grandir au fond de moi , te mettre
au monde et t'élever...
Les mots de la sage femme
ont tout de même eu le le mérite de me faire réfléchir : je
n'allais pas et je m'en voulais de ne pas aller bien .
Les gens m’exaspéraient ,
les voir rire et s'amuser me répugnais.
Je me sentais seule.
Pourtant tu étais déjà bien présent dans mon ventre , tu bouges
déjà beaucoup pour 5 mois de grossesse , alors que j'aimerai au
contraire que tu me laisse tranquille... J'ai besoin de prendre des
force mais toi tu m'épuise , tu fais resurgir en moi des bribes de
mon passé. Des souvenirs que j'avais enfoui , toi aussi petit sois
-tu ,au fond de mon ventre tu es arrivé à les trouvés et tu me les
balances sans cesse lorsque je ferme les yeux...
Je pleure à longueur de
journée et ne vois plus personne, de toutes façons à quoi bon ?
Je prends rendez vous chez
la psy et déballe mon sac :
*je culpabilise parce que je
fume encore : c'est pas bien pour toi , je suis une mauvaise
mère...
*mon père me manque :
il n'est pas là pour me réconforter et il ne te connaîtra sûrement
pas.
Réponse de la psy :
*je suis passé de 2 paquets
par jour à une dizaine de cigarette , c'est déjà très bien, je
fais ça pour toi. Je ne suis pas une mauvaise mère.
*mon père n'est pas présent
certes mais je ne suis plus une enfant, il faut que j'apprenne à
m'en détacher.
Facile à dire...
Et toi tu bouges encore plus
que je ne pleures. Ton papa travail beaucoup hors de la maison , je
m'occupe seule de ton frère . Je suis fatiguée, je ne dors plus
depuis longtemps.
7 mois de grossesse , dans
deux mois tu sera là.
Est ce que je vais y
arriver ? Est ce que je vais pouvoir t’élever correctement ?
Est ce que je vais t'aimer autant que ton frère ? Et
l'accouchement qui me fait tellement peur...
Je suis épuisée , d'un
commun d'accord avec ton papa , je prend le premier médicament que
la sage femme m'a prescrit. J'en pleures de culpabilité mais je dors
enfin, une nuit entière sans cauchemars... Je continue le traitement
parce que ça me fait du bien.
Mais toi est ce que ça
ne te fait pas de mal ?
Tu
bouges moins que d'habitude , la sage femme me rassure : tu te
repose toi aussi, tu as besoin de force tu sera bientôt là.