Un jour, ton papa te gronde un peu plus fort que d'habitude . Tu
fais une crise mais comme tu es nu (c'est devenu une habitude, tu ne
supporte pas les vêtements) , il te met directement sur les toilette
car en fin de crise tes muscles se relâchent et tu as tendance à
faire pipi (parfois même caca..) Je reste dans la pièce d'à côté
comme on nous l'a conseillé, afin que tu te rende compte qu'il faut gérer tes crises tout seul. Je regarde machinalement la pendule
Ça
commence à faire long...
Ton papa m’appelle, je sens à sa voix que quelque chose ne va pas...
« Il ne veux pas revenir ! »
Je te prends dans mes bras et cours t'allonger sur mon lit. Tu es
aussi mou qu'une poupée de chiffon... Ton visage n'est pas crispé
comme d'habitude mais il garde cette teinte grise habituelle à tes
crises...
On hurle ton prénom en te tapant les fesses pour te faire revenir
mais cela ne fonctionne pas .
Je regarde l'heure: plus de deux minutes ce sont écoulées.
Mon
dieu...
J'écoute ton cœur en posant mon oreille sur ton torse mais n'entend
rien , à part le mien qui bat à tout rompre . Je prend ton poignet
mais ne sens rien. Je passe à ton cou , toujours rien …
Non
, c'est pas possible, pas ça !
Je réécoute ton cœur en te secouant et te giflant. Tu es toujours
inconscient...
S'il
te plaît reviens !!!
Je souffle dans ta bouche comme j'ai appris en cours de secourisme.
(Je ne pensais ne jamais avoir à m'en servir et encore moi sur
toi...)
J'entame un léger massage cardiaque, j'ai peur de te faire mal. Je
souffle à nouveau. Toujours rien...
Je
t'en supplie , pas ça....
Je souffle à nouveau et retente le massage cardiaque cette fois ci
un peu plus fort...
ça y est ! Tu respire !!
Je pleures de soulagement et tremble de tout mon corps. Toi tu hurles
de toutes tes forces.
Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de t'entendre
hurler !
Mais très vite on se rend compte que tu ne vas pas très bien, tes
pleures sont différents et tu ne bouges pas ton bras droit, ta main
droite reste fermée.
On t’emmène aux urgences en voiture on y est en moins de deux
minutes , par chance on habite à côté.
On explique tout à l'accueil, on nous fait patienter une heure !
Tu hurles de plus en plus . Un médecin vient nous chercher :
« Ça doit être une otite. Il y en a beaucoup en ce
moment.»
Une
quoi ?? Il se fiche de nous ou quoi ?
On prend le temps de lui ré-expliquer : « Ah mais c'est
des spasmes du sanglots alors ! »
Encore
ces fichus spasmes !!!
Tu hurles encore arrivé en pédiatrie. On explique encore une fois.
On nous fait sortir de la pièce pour qu'elles t’auscultent
calmement : c'est nous qui te stressons apparemment !
On fait les cents pas dans le couloir, tu hurles toujours autant.
Elles sortent de la pièce dix minutes plus tard.
Elles vont te faire jouer dans la salle de jeux , ça va te détendre.
Je leur demande de te faire une radio , j'ai peur de t'avoir casser
une côte... « Quelle idée ! Ne vous inquiétez pas
Madame, il va bien ! »
Dans la salle de jeux tu continue à hurler et ne te sers toujours pas
de ton bras et de ta main droite. Je leur fait remarquer :
« C'est rien, il est juste bloqué en mode super-ennervé »
Elles te font prendre une douche, te chante des chansons : rien
n'y fait.
Tu finis par t'endormir d'épuisement trois heures plus tard...
On repart avec toi et une ordonnance pour consulter un psychologue :
je trouve l'idée hallucinante à l'époque . Tu es malade , pas
fou !!
Sur conseil d'une amie je prend quand même rendez vous avec un
pédopsychiatre , au pire il me rassurera en me disant que tu es
juste un petit garçon avec beaucoup de caractère , un sale gosse
quoi et qu'il faudrait juste que je sois encore plus sévère avec
toi.
Mais ça s'est passé tout autrement : au bout d'une demi heure
à te regarder tout démolir dans son bureau et à me poser des
questions, il me tend un papier avec un numéro de téléphone.
« Tenez , c'est le numéro de ma collègue au cmp . La
pathologie de votre fils n'est pas de mon ressort elle pourra mieux
vous aider que moi. »
Une bombe vient d'exploser dans ma tête .
J'avais
donc raison de m’inquiéter...
Je lui tend un chèque.
« Non gardez votre argent il va vous en falloir, ainsi que du
courage ! »
Une deuxième bombe... Dans mon cœur cette fois.
J'ai l'impression de ne plus pouvoir réfléchir. Tu n'es donc pas cet enfant si colérique, mal élevé, comme on nous l'a souvent dit.
J'ai l'impression de ne plus pouvoir réfléchir. Tu n'es donc pas cet enfant si colérique, mal élevé, comme on nous l'a souvent dit.
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